lundi 5 décembre 2016

Le "Bilan professionnel" des enseignants


Dans le projet initial de réforme prévu par le gouvernement, chaque enseignant devait obligatoirement, avant l'inspection (puis tout au long de la carrière pour le valoriser), fournir un "bilan professionnel" au chef d'établissement.

Dans ce bilan, l'enseignant devait notamment décrire sa participation : "à la vie de l’école/établissement et son implication dans les relations avec les partenaires et l’environnement", ou encore justifier de son engagement "dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel".


La construction d'un tel bilan par l'enseignant ne peut se faire qu'au détriment de ses enseignements : le temps pris par la production de ce document ou dossier se fait aux dépens de la préparation des cours.

En outre, ce document a pour objectif de valoriser ce qui est fait en dehors des cours par l'enseignant. Les enseignants ont toujours spontanément, en fonction de leurs objectifs pédagogiques, réalisé des projets ou effectué des formations en dehors de leurs enseignements. Mais avec ce bilan, c'est ainsi la capacité des enseignants à se vendre et à faire valoir des activités non liées à l'enseignement qui sont évaluées. Il s'agit là d'un grave danger pour les personnels : ce bilan, avec d'autres mesures, visent à redéfinir le métier d'enseignant. Il ne s'agit plus de faire acquérir (de différentes façons) des connaissances mais de faire de l'animation, en lien avec les municipalités ou les régions et de montrer sa capacité à "faire carrière".

Ce bilan n'apparaît pas dans le projet de "décret balai" de la réforme de l'évaluation des enseignants. Pourtant, celui-ci est toujours là : il est présent dans les fiches finales que le gouvernement a publié (1) et sur lesquelles se fondent la réforme ; en outre, l'arrêté qui sera publié en application du "décret balai" précisera les modalités de l'évaluation et pourra y faire explicitement référence.

Rappelons que le décret Châtel ne comportait aucune référence au principe de l’auto-évaluation en 2012. Par contre, l'arrêté Châtel mentionnait deux fois l'autoévaluation : une première fois en précisant que c’était une possibilité (comme en 2016 donc) et une deuxième fois dans le cadre de l’entretien professionnel avec le chef d’établissement. Obligatoire ou non, la logique du projet rendait difficile de le refuser.


Sources :
"Il est fortement recommandé que l’enseignant prépare en amont ses rendez-vous de carrière, tant l’inspection que le ou les entretien(s) qui la suivent.
Pour cela, outre le fait de se référer à un guide générique sur la rénovation des carrières et de l’évaluation, l’enseignant pourra également s’appuyer sur la notice qui lui sera préalablement remise pour présenter le déroulé et les enjeux de ce rendez-vous de carrière et, s’il l’estime pertinent, sur les différents documents élaborés tout au long de son parcours et stockés dans i-prof.
Le guide comme la notice précités comprennent un document de référence à destination des évaluateurs comme des évalués sur lequel ils s’appuieront pour les rendez-vous de carrière".


Article 1 : « (..)Cet entretien est l’aboutissement du dispositif d’appréciation de la valeur professionnelle des agents qui peut comprendre également un processus d’auto-évaluation. »

Article 4 : « (…) l’entretien professionnel porte sur :
  • L’analyse des résultats du processus d’auto évaluation ainsi que du traitement des éventuelles divergences.
  • Le positionnement de l’agent sur chacun des critères retenus au titre de l’évaluation et de l’auto évaluation. »