Dans
le projet initial de réforme prévu par le gouvernement, chaque
enseignant devait obligatoirement, avant l'inspection (puis tout au
long de la carrière pour le valoriser), fournir un "bilan
professionnel"
au chef d'établissement.
Dans
ce bilan, l'enseignant devait notamment décrire sa participation :
"à
la vie de l’école/établissement et son implication dans les
relations avec les partenaires et l’environnement",
ou encore justifier de son engagement "dans
une démarche individuelle et collective de développement
professionnel".
La
construction d'un tel bilan par l'enseignant ne peut se faire qu'au
détriment de ses enseignements : le temps pris par la production de
ce document ou dossier
se fait aux dépens de la préparation des cours.
En
outre, ce document a pour objectif de valoriser ce qui est fait en
dehors des cours par l'enseignant. Les enseignants ont toujours
spontanément, en fonction de leurs objectifs pédagogiques, réalisé
des projets ou effectué des formations en dehors de leurs
enseignements. Mais avec ce bilan, c'est ainsi la capacité des
enseignants à se vendre et à faire valoir des activités non liées
à l'enseignement qui sont évaluées. Il s'agit là d'un grave
danger pour les personnels : ce bilan, avec d'autres mesures, visent
à redéfinir le métier d'enseignant. Il ne s'agit plus de faire
acquérir (de différentes façons) des connaissances mais de faire
de l'animation, en lien avec les municipalités ou les régions et de
montrer sa capacité à
"faire
carrière".
Ce
bilan n'apparaît pas dans
le projet de "décret balai" de la réforme de l'évaluation
des enseignants. Pourtant, celui-ci est toujours là : il est présent
dans les fiches finales que le gouvernement a publié (1) et sur
lesquelles se fondent la réforme ; en outre, l'arrêté qui sera
publié en application du "décret balai" précisera les
modalités de l'évaluation et pourra y faire explicitement
référence.
Rappelons que le
décret Châtel ne comportait aucune référence au principe de
l’auto-évaluation en 2012. Par contre, l'arrêté Châtel
mentionnait deux fois l'autoévaluation : une première fois en
précisant que c’était une possibilité (comme en 2016 donc) et
une deuxième fois dans le cadre de l’entretien professionnel avec
le chef d’établissement. Obligatoire ou non, la logique du projet
rendait difficile de le refuser.
Sources
:
"Il
est fortement recommandé que l’enseignant prépare en amont ses
rendez-vous de carrière, tant l’inspection que le ou les
entretien(s) qui la suivent.
Pour cela, outre le fait de se référer à un guide générique sur la rénovation des carrières et de l’évaluation, l’enseignant pourra également s’appuyer sur la notice qui lui sera préalablement remise pour présenter le déroulé et les enjeux de ce rendez-vous de carrière et, s’il l’estime pertinent, sur les différents documents élaborés tout au long de son parcours et stockés dans i-prof.
Le guide comme la notice précités comprennent un document de référence à destination des évaluateurs comme des évalués sur lequel ils s’appuieront pour les rendez-vous de carrière".
Pour cela, outre le fait de se référer à un guide générique sur la rénovation des carrières et de l’évaluation, l’enseignant pourra également s’appuyer sur la notice qui lui sera préalablement remise pour présenter le déroulé et les enjeux de ce rendez-vous de carrière et, s’il l’estime pertinent, sur les différents documents élaborés tout au long de son parcours et stockés dans i-prof.
Le guide comme la notice précités comprennent un document de référence à destination des évaluateurs comme des évalués sur lequel ils s’appuieront pour les rendez-vous de carrière".
Article
1 :
« (..)Cet entretien est l’aboutissement du dispositif
d’appréciation de la valeur professionnelle des agents qui
peut comprendre également un processus d’auto-évaluation. »
Article
4 :
« (…) l’entretien professionnel porte sur :
-
L’analyse des résultats du processus d’auto évaluation ainsi que du traitement des éventuelles divergences.
-
Le positionnement de l’agent sur chacun des critères retenus au titre de l’évaluation et de l’auto évaluation. »