dimanche 4 décembre 2016

Quel est le rôle du comité technique ministériel ?


* Depuis quand le CTM existe ?
Le comité technique ministériel (CTM) est :
- une instance créée par la loi de juillet 2010 de “rénovation du dialogue social” dans la Fonction publique (suite aux accords de Bercy de 2008),
- qui réunit représentants de l’administration et représentants du personnel.
N.Sarkozy avait considéré ces nouvelles règles comme une “étape historique”. Avant 2010, d’autres comités techniques existaient et jouaient le rôle d’instance de concertations. Mais la nouveauté de 2010 c’est que le l’objet des concertations des comités techniques (ministériels et de proximités) est modifié : c’est dorénavant la nature même des métiers qui y est discuté et le contenu des règles statutaires.



* Pourquoi avoir élargi le champ des négociations et concertations dans la Fonction publique aux contenus des règles statutaires notamment ?
Les rapports préparatoires aux lois de 2010 donnaient les objectifs : "moderniser les ressources humaines", permettre la création "d'un droit contractuel dans la Fonction publique".
Pour vaincre les résistances des fonctionnaires, le gouvernement a mis en place ce système pour associer les directions syndicales à la politique de restructuration et aux mesures qui lui sont liées : la remise en cause, pas à pas, des garanties statutaires.


* Les Comités Techniques (CT) sont uniquement consultatifs
Pour le gouvernement, la convocation d’un CT est une étape obligatoire, la dernière, avant publication des décrets ou arrêtés. Mais la participation des syndicats aux discussions sur les projets du gouvernement et aux CT n'est pas obligatoire. (1)
Au CT, les organisations syndicales sont simplement consultées, elles donnent leur avis par un vote ("pour", "contre", "abstention"). L’administration prend seule la décision et a toute latitude pour publier les textes.
Si plus de 50% des membres du personnel décident de boycotter le CT, l’administration doit convoquer un second CT (qui se tient alors quelque soit le nombre de représentants). Il en est de même s’il y a un vote unanime “contre”. Mais l’administration peut toujours publier son décret quels que soient l’avis et le nombre de représentants lors du second CT. (2)


* Pourquoi le boycott du CT est un point d'appui pour résister ? (l’exemple du projet Châtel en 2012)
En novembre 2011, les organisations syndicales avaient exigé le retrait des projets de décret et arrêté Châtel sur l’évaluation et refusé toute discussion sur ces bases. Le gouvernement avait tenté de renouer le dialogue et été contraint de reporter le CTM (qui devait se tenir en décembre 2011).

En mars 2012, les principaux syndicats avaient organisé le boycott du CTM (3). Cela n'avait pas empêché le gouvernement de publier finalement son décret. Mais cela avait contribué à la mobilisation et conduit à la victoire.

Participer au CTM, c'est accepter le cadre du CTM, c'est considérer que la discussion sur le sujet mis à l'ordre du jour  (le projet de décret du gouvernement qui modifie les décrets statutaires) est légitime. Et c'est aussi reconnaître la légitimité du vote qui aura lieu.
Boycotter signifie : on n'accepte pas ce cadre ; on refuse de discuter d'un tel projet ; le vote qui aura lieu le 7/12 est illégitime (a u regard de la défense des collègues, des acquis statutaires). C'est en ce sens que le boycott peut contribuer à la mobilisation.

Sources :

(3)



(2) articles 46 et 48, du décret relatif aux Comités techniques
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000023592572



(1)  Les CT dans la Fonction publique d'État : http://www.fonction-publique.gouv.fr/comites-techniques-dans-la-fonction-publique-de-letat